Coup de coeur
Coup de coeur

Georges Federmann un psychiatre iconoclaste, c’est peu de le dire !. Et l’on comprend qu’il puisse agacer le commun de l’ordre des médecins « psychiatres de villes », alors que cet humaniste se met au service des invisibles, des refoulés, étrangers en situations irrégulières, toxicomanes... , qu'il laisse au patient la responsabilité de gérer les doses de médicaments dont il a besoin, qu'il a des MOTS parfois " arrêtez de déconner !", qu'il reçoit sans rendez-vous aussi, étant entendu que le praticien doit s’adapter au patient et non l’inverse. « La caractéristique de la majorité de mes patients c’est qu’elle ne dort pas la nuit, donc… la moindre des hospitalités c’est d’être à leur heure ».
Oui un psychiatre qui va faire dégringoler tous vos préjugés !
Ici Diane, Gilbert, Karim, Claudine et ce jeune mauritanien peul, viennent chercher refuge. Tous plus émouvants les uns que les autres, disent et vivent, face à cet homme, psychiatre, assistant, ami ou père, des maux comme paranoïa, tristesse, confusion, frustration et simultanément esquissent sourires, espoir, malice et rires « arrêtez de philosopher docteur guérissez moi ! ».
Un soignant engagé donc, qui donne à voir l’urgence d'entendre les « laissés pour compte » et lutte pour instaurer une justice médicale. Un moment précieux passé dans « le secret des dieux » .
Coup de coeur

Le dernier des siens / Sibylle Grimbert
Un thème original, documenté, éperdument romanesque.
Gus est un jeune scientifique mandaté par le museum d’histoires naturelles pour étudier la faune islandaise. Le roman s’ouvre sur le massacre d’une des dernières colonie de « grands pingouins » par une bande de marins sanguinaires. Gus porte sur cette scène un regard détaché, on est en 1873, « manger et être mangé voilà le lot de tout être vivant ». Mais ce regard va évoluer au contact direct d’un des spécimens de cette colonie, l’unique rescapé que Gus a embarqué pensant pouvoir l’envoyer, mort ou vif, au museum et s’assurer ainsi un nom dans sa carrière.
Cependant la noblesse de l’animal, sa personnalité vont bientôt avoir raison du flegme scientifique. De grandes questions, d’ordre éthique vont s’immiscer dans l’esprit cartésien de Gus : la vie émotionnelle de l’animal, la valeur accordée par les hommes à la vie sauvage, la domestication et l’identité des espèces, la prédation, l’intelligence de l’animal et sa singularité… et puis l’intégrité du scientifique, à quoi est-il prêt pour faire carrière, ou mène l’ambition… ( aujourd’hui on le sait, près de 70% des animaux sauvages ont disparu en 50 ans, d'après le WWF ).
Pure est la rencontre entre ces deux êtres tombés en solitude. Tragique le destin de cet homme, lucide avant tous les autres et assumant la responsabilité de celui qu’il a prénommé Prosp : individu appartenant à la noble espèce des « grands pingouins » et à jamais, le dernier des siens.